Homère au théâtre de la Bastille à Paris

ILIADE – ODYSSÉE

08 JANV > 03 FEV

Avec Charlotte van Bervesselès, Florent Dorin, Alex Fondja, Viktoria Kozlova et Yan Tassin

théâtre

Qu’est-ce que l’héroïsme ? Invitée pour la première fois au Théâtre de la Bastille, Pauline Bayle pose la question en adaptant de manière concentrée et fort énergique deux épopées fondatrices de notre civilisation, présentées en diptyque. Dans un élan vital, cinq actrices ou acteurs sont les héros ou héroïnes, dieux ou déesses de l’Iliade et l’Odyssée. Affranchi.e.s de la question du genre et armé.e.s de force, de ruse et de courage, ils.elles s’élancent gaillardement dans la quête très humaine du dépassement de soi.

Iliade
Immédiatement, le spectacle commence. Nous ne sommes pas encore assis dans la salle, mais la guerre opposant les Grecs aux Troyens dure depuis neuf ans et nous sommes déjà pris dans l’urgence de son achèvement. En une heure et demi, nous allons traverser 24 chants et 15 337 vers de ce long poème homérique, six jours et six nuits d’une guerre conduite par la fureur d’Achille d’un côté, et la fidélité d’Hector à sa patrie de l’autre. Au nom de quoi serait-on prêt à mourir ? Il n’y a pas de morale, pas de gagnant… L’écho politique est percutant : que l’on soit oppresseur ou opprimé, il s’agit d’être égaux face à la souffrance et à la mort. C’est cela que veut nous faire entendre la jeune metteure en scène. Concentrée à nous rendre toute la générosité du texte d’Homère par une adaptation et une direction d’acteur ultra dynamique, Pauline Bayle organise l’espace de façon épurée et efficace. Quelques paillettes et voilà une armure, un peu de peinture et c’est du sang qui coule. Beaucoup d’eau, beaucoup de larmes versées aussi, nous racontent toute l’humanité d’Achille, Hector, Hélène, Andromaque, Agamemnon et des dieux qui les gouvernent.

Odyssée

Ulysse est un drôle de héros. Il ne veut plus se battre, il veut rentrer chez lui. D’errance en errance, parmi les dangers d’un monde chaotique, Ulysse aux mille et un tours, rusé et vengeur, cherche à retrouver sa place dans le monde. Mais voilà neuf ans qu’il erre en vain sur la mer et que sa terre natale se dérobe sans cesse sous les plis des eaux. Alors Ulysse s’inquiète : et s’il avait traversé une guerre dont on ne revient pas ? Et si, malgré sa valeur, il n’avait pas de quoi payer le prix du retour ? Après Iliade créé en 2015, Pauline Bayle décide de monter Odyssée comme contrepoint et approfondissement de son travail. Avec son équipe de cinq interprètes réunis autour d’elle depuis sa sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 2011, elle centre cette fois sa recherche autour des questions de la peur et de l’identité. Ensemble, ils donnent à voir une Odyssée portée par un élan vital et investie dans le temps présent. Débarrassant l’espace de tout décor réaliste, c’est encore l’occasion d’explorer de nouvelles possibilités de mettre en scène une épopée et de nous plonger dans un spectacle débordant d’inventivité.

Elsa Kedadouche

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