La philosophie des non-philosophes

Colloque international organisé à Grenoble les 17 et 18 juin 2015 par Sophie Aubert-Baillot, Charles Guérin et Sébastien Morlet

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La fascination et l’emprise qu’exerce dès l’époque classique la philosophie sur des auteurs qui tantôt se l’approprient en la redéfinissant contre des « autorités » établies, tantôt se défendent de la pratiquer tout en y recourant de façon détournée, attestent que loin d’être l’apanage d’un cercle fermé de professionnels, cette discipline irrigue l’ensemble des textes antiques, de tous genres (rhétoriques, historiques, poétiques, dramaturgiques…) et à toute époque, sous forme de réminiscences, d’allusions, de citations, de déformations et de réécritures. Elle constitue un point de référence intellectuel et culturel par rapport auquel il est impossible de ne pas se définir, et c’est la centralité de sa position que nous souhaiterions examiner dans ce colloque, dont l’arc chronologique recouvre la période impériale, tant dans le monde romain que dans le monde grec. Quels sont les auteurs qui, sans pour autant se définir comme des disciples d’une école, des professeurs de philosophie, des sophistes ou même des mages, pratiquent la philosophie ? À quelle époque, selon quelles modalités, pour quelles raisons, dans quel but, face à quel public, dans quels genres littéraires ? Font-ils montre d’une philosophie approximative voire d’un recyclage de simples topoi ou bien d’une réflexion appprofondie, originale, témoignant d’une lecture précise des textes philosophiques et attestant de la diffusion de telles connaissances dans le public ? On confrontera ces réflexions, pour finir, au questionnement chrétien sur la philosophie, qui se constitue à la même période et qui commence, dès le IIe siècle, à ériger la philosophie en science auxiliaire ou en réservoir d’images et de concepts. On aura ainsi l’occasion de se demander si ce questionnement, dont les sources juives sont déjà bien connues, s’inscrit aussi dans le contexte grec et latin d’une pratique non-philosophique de la philosophie.

Philosophy has always attracted the fascination of and exerted influence over authors. Accordingly, far from being limited to an elite circle of professionals, this discipline has nourished ancient texts of all kinds (rhetorical, historical, poetical, dramaturgical etc.) in the form of reminiscences, allusions, quotations, distortions, rewriting. Philosophy simply is an intellectual and cultural point of reference impossible to escape. We wish to devote this symposium to highlighting the pivotal role philosophy plays in non-philosophical literature both Greek and Roman in the imperial period.

We aim to identify which authors practice philosophy without identifying themselves as followers of a specific school of philosophy, as philosophy professors, sophists or even magi. When, how, why, for what purpose, for what public and in which genres does philosophy appear? How do these authors adapt philosophy? Are they simply rehashing topoi or can we make out deep reflections stemming from accurate readings of philosophical texts that attest the dissemination of such knowledge? We shall examine these aspects that build up to a confrontation with Christian philosophy . As early as the second century philosophy was enshrined as an auxiliary science, a reservoir of images and concepts by christian thinkers. We will have the opportunity to examine whether this confrontation – for which the Jewish sources are already well studied – manifests itself in the Greek and Latin context of a non-philosophical practice of philosophy.

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